Entre terre et mer à Chiloé
- Sylvie E.
- 25 mars 2020
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 avr. 2020
Chiloé, j'en ai rêvé de ce paysage de palafitos, ces petites maisons entre terre et mer sur pilotis et dont la vue dont on jouit depuis ses terrasses évolue au rythme des marées.

J'avais donc depuis longtemps réservé une petite adresse dénichée sur booking, El Palafito Tejuela, décoré par l'artiste locale Yessica Lorena Gonzalez, qui travaille la laine sous différentes formes, cadres, coussins, lampe, jetés de lit...c'est malheureusement beaucoup trop grand que pour glisser quelques œuvres dans nos valises mais je me suis déjà arrangée pour lui commander quelque chose à notre retour lol Sans parler de la terrasse, de nos petites grillades, de la vue depuis notre lit... Il faut se réveiller avec la brume matinale pour comprendre la singularité de l'endroit. Sans compter nos petits-déjeuners à observer les otaries égarées dans l'estuaire qui chassent les poissons et nos petites soirées au coin du poêle à pellets. On dit d'ailleurs que "Vivre les palafitos de l'intérieur, c'est vivre réellement Chiloé".
Nous sommes donc dans la petite ville de Castro. Pour y arriver, un avion depuis Punta Arenas, un petit stop à Puerto Montt pour profiter du restaurant Cotelé réputé pour sa sélection de morceaux de bœuf servis dans des cabanes barbecue cheminées et dont les cuisiniers élèvent la grillade au rang d'art , 3h de bus hyper confort, mieux que certains lits, c'est pour dire...entrecoupé de 30 minutes de bateau.
Castro, c'est une petite ville qui vit, dans ses rues centrales qui ne sont accessibles qu'après de longues montées depuis les palafitos, ou sur sa place centrale (plaza de armas, comme dans toutes les villes chiliennes par lesquelles nous sommes passés) où se dresse fièrement sa belle église, Iglesia San Francisco de Castro, d'un jaune étincelant rehaussé de violet.

L'archipel de Chiloé compte 40 îles et est surtout réputé pour ses 16 églises en bois classées au patrimoine de l'UNESCO. Mais il faut savoir que l'archipel compte en fait plus de 400 églises toutes construites par la main d'œuvre locale, à savoir des marins, sans base solide mais à même des pierres. Pas étonnant qu'on dise qu'elles pourraient flotter tels des bateaux si on les mettait à la mer. Cette technique de construction les a d'ailleurs sauvées de la destruction lors de ras de marée précédents. La grandeur des tours, quant à elle, est due au fait qu'au début ces églises servaient de phares pour les marins. Certaines églises portent un "M" sur leur tour qui signifie qu'elles ont été déplacées à cet endroit grâce à l'entraide de chacun (M= Minga = Ayuda en comunidad). Moi ce que j'aime dans ces églises c'est qu'elles soient peintes aux couleurs du soleil...

L'ile est très verte, jamais de neige ici, et possède la plus grande variété d'arbres du Chili, dont un arbre millénaire, le second arbre le plus vieux de la terre. Ils disposent de ressources naturelles qui leur permettent de vivre en totale autonomie, ils produisent quasiment tout ce qu'ils consomment. Ils vivent essentiellement du saumon et de la culture des pommes de terre (plus de 450 variétés différentes). L'île compte également un parc national que nous n'avons cependant pas visité car nos deux derniers jours ont été perturbés par de grosses pluies. Il pleut en effet 10 mois l'année ici, nous sommes donc chanceux d'avoir eu 3 jours de beau temps sur les 5 où nous étions là. La culture locale est aussi imprégnée de mythologie, originaire des peuples indigènes (les chonos et les huilliches) et mélangée avec les légendes et superstition des conquistadors espagnols. Parmi ces créatures mythologiques, on retrouve des gnomes répugnants connus pour qu'aucune vierge ne lui résiste, des sorcières qui tuent des petits animaux, des sirènes qui prédisent l'abondance de coquillages, des bateaux fantômes qui peuvent naviguer sous la surface des eaux, des dieux serpents Tenten Vilu et Caicai Vilu à l'origine de la séparation de l'ile du continent, etc. Nous avons d'ailleurs visité la cascade de Tocoihue, où les brujos, guerriers mythiques, sont réputés s'être lavés 12h durant pour se débarrasser de leur baptême catholique.



Nous avons visité le petit port de pêche de Dalcahue (qui signifie Lugar de Dalcas = Lieu d'embarcations), connu pour son église, Nuestra Señora de los Dolores, recouverte de tejuelas de alerce, et son marché d'artisanat. Je n'ai pas pu m'empêcher d'acheter un petit bandeau bien chaud en laine de mouton teinté aux pigments naturels à base de racines, feuilles et boues riches en fer. Elsa insiste d'ailleurs pour qu'on le partage. Même si depuis qu'elle a reçu son serre-tête licorne, elle dit que je peux le garder.
Après une traversée de 45 minutes, nous atteignons la petite "Isla Mechuque" réputée pour son pont pittoresque, ses palafitos, ses maisons recouvertes de tejuelas et son beau panorama. La vie semble complètement arrêtée ici...
Nous avions pris une excursion (seul moyen de visiter l'île en mars car il n'y a pas deux bateaux par jour permettant la visite à la journée) qui incluait un curanto al hoyo, plat traditionnel de Chiloé, un plat cuit sur des pierres chaudes au fond d'un trou creusé dans le sol sur lesquelles sont posés en couche des fruits de mer, des pommes de terre, du porc fumé, des pilons de poulet, des saucisses, du pain d'une pâte similaire à celles des gnocchis, le tout recouvert de feuilles de pangue. On laisse cuire une heure et puis on enlève les couches. Jamais vu d'aussi grosses moules de ma vie...D'ailleurs à marée basse, on se rend compte de la richesse en termes de moules et coquillages.

Visite également de Tenaun et son église, Nuestra Señora del Patrocino, avec ses trois belles tours bleues qui ont donné nom à la ville (Tenaun signifie trois monts).
Notre séjour aura été marqué par notre petit tour en bateau à la découverte de la rive d'en face qui semble attirer beaucoup de touristes chiliens car une série du nom Isla Paraiso aurait été tournée ici (nos feux de l'amour à nous lol ?) et d'une série de palafitos, ceux de Pedro Montt (parmi lesquels le nôtre), uniquement visibles de la mer.
Nous sommes également descendus voir les Palafitos de Gamboa.
Les enfants ont également rencontré deux petites filles chiliennes de 8 ans, Catalina et Sofia, qui nous ont dit qu'ils devaient absolument apprendre à parler espagnol et ont commencé l'apprentissage. C'était comique de les voir les reprendre sur leurs intonations.
On a aussi pu faire notre premier live avec la classe des loulous pour le plus grand bonheur des enfants.

Et quand il pleut, on fait des exercices pour l'école, on va faire de l'escalade au café El Monito Escalador et on teste les petits restos de la ville. Ambiance du resto El Mercadito est juste exquise, un mélange de bric à brac, une cuisine gourmet, une terrasse vue sur l'estuaire.
Et en plus, je pense avoir réussi notre défi de manger un plat incongru, des oursins à assaisonner façon tartare. Mon dieu c'était gluant et dégueulasse...

Nos petites adresses pour dormir à Puerto Montt: 💕 Holiday Inn
Nos petites adresses pour manger à Puerto Montt: 💕💕 Cotelé
Juan Soler Manfredini, 1661 - Pelluco, Puerto Montt, Los Lagos
Nos petites adresses pour dormir à Castro:
💕💕 Palafito Tejuela Av. Pedro Montt 599, Castro
Nos petites adresses pour manger à Castro: 💕💕 El mercadito Av. Pedro Montt 210, Castro
💕 Sabores de mi tierra Av. Pedro Montt 699, Castro 💕💕 La Cevicheria Av. Pedro Montt 721, Castro
https://lacevicheria.cl/v2/ 💕 Nueva Galicia Av. Pedro Montt 38, Castro Nos petites adresses pour un petit en-cas à Castro: 💕 La Brujula (salle de jeux pour enfants) Calle O'Higgins 308, Castro 💕 Monito escalador (salle d'escalade) Av. Pedro Montt 616, Castro 💕 Sizigia Av. Pedro Montt 817, Castro
Toujours de belles photos marrantes et de beaux récits. Vivement que vous puissiez continuer votre bon voyage rapidement.Je pense à vous. Maman et mamie. Gros bisous.