Rendez-vous en terres Selk'nam

Sylvie E.
11 mars 2020
4 min de lecture

Nous avons quitté l'Argentine, ce n'est qu'un aurevoir car nous y reviendrons plus au nord d'ici quelques semaines. Nous voilà donc en direction de la Patagonie Chilienne, quatre heures de bus plus une heure pour passer les frontières. Ici ça ne rigole pas, on ne rentre pas avec des fruits, ni des légumes, ni des biscuits ouverts. Ils te lancent leurs chiens renifleurs de bouffe sur tes sacs dans la soute du bus, vas-y que je te piétine un peu tout le bazar... Frontière du bout du monde entre deux pistes de ripio...

Nous allons nous baser pour quelques jours à Puerto Natales, petit port de pêche au bord du détroit et offrant de magnifiques vues sur les montagnes, avec en avant plan des maisons en tôle colorées. Il y plane un silence, le silence d'un dimanche de sieste, perturbé uniquement par le battement d'ailes des cormorans, magnifiques oiseaux aquatiques, et par les rires des quelques familles qui font du cuistax sur la place principale...

Puerto Natales, c'est la capitale de la province Ultima Esperanza (Province du dernier espoir, nommée ainsi par Juan Ladrillos, navigateur européen, car c'était sa dernière chance de découvrir le détroit de Magellan après avoir exploré tous les serpentins d'eau de la région) sur la Ruta 9, la Ruta del fin del Mundo (route du bout du monde) et le rythme de vie qui y règne, paisible, tranquille, assez agréable en fait, doit être propre à cette localisation.

Petit coup de cœur pour les jolies boutiques de marchands de laine de moutons qui survivent entre les boutiques d'artisanat et magasins dédiés aux randonneurs. Sacha et Elsa eux préfèrent la statue du Milodon, genre éteint de mammifères terrestres, apparenté aux paresseux actuels.

Il y a en effet plein d'estancias dans la région, axées sur l’élevage de bovins ou de moutons, ou sur la pêche...

La ville arbore fièrement des effigies nues et peinturlurées, que ce soit sous forme de statues ou de peintures, représentant en fait les différentes cérémonies des Selk'nam, peuple indigène nomade et chasseur qui était doté d'une résistance exceptionnelle au froid extrême de ces latitudes, souvent nus ou couverts de peaux de guanacos dont la graisse leur permettait de conserver leur chaleur corporelle. Les différentes statues représentent en fait les rites d'initiation de ce peuple, réservés seulement aux hommes, pour affirmer la maturité de l'individu, au cours duquel le chaman imposant une série d'épreuves pour tester le moral, le courage et la résistance physique des enfants marquant ainsi le passage à l'âge adulte. Chacun représentait un esprit, se peignait le corps avec de l'argile et portait un masque fait de bois et/ou de cuir de guanaco. Ce peuple fut exterminé par les propriétaires d'estancias, qui allait jusqu'à payer cinq livres sterling par indien tué sans aucune réaction des autorités chiliennes et argentines.

Mais notre séjour ici est surtout destiné à la visite du Parc national Torres del Paine. Au vu des prix des excursions et des pistes de graviers, nous avons plutôt opté pour la location d'un SUV pour 3 jours de liberté, pouvoir avancer à notre rythme et avoir les paysages pour nous seuls une fois le stop de 10 minutes des bus touristiques fini. Par contre, au vu des tarifs d'une nuit dans le parc, genre 500 USD la nuit pour 4, nous avons gardé notre magnifique appart à Puerto Natales, Etnias Apartments, et nous faisons les trajets tous les jours vers le parc, ça permet aussi aux enfants (et à moi aussi j'avoue) de faire deux bonnes siestes par jour ;-)

Le Parc Torres del Paine, c'est juste wouaw, un des plus beaux parcs nationaux d’Amérique du Sud, une succession de miradors, de routes en lacets découvrant au bout d'un tournant, des lacs azurs, des montagnes dont les sommets sont parfois noyés dans les nuages, des cascades, des rivières, des forêts d’émeraude, un hôtel perdu au milieu de ses magnifiques paysages ou des ponts de fortune. C'est aussi la rencontre avec de nombreux animaux sauvages, des guanacos, des chevaux, des vaches, des nandous qui paissent dans la steppe mais nous avons aussi eu la chance de voir de nombreux aigles, des flamants roses, un piche, petite bête à carapace qui s'est bien vite cachée, deux condors des Andes majestueux dansant avec le vent et un huemul, un cerf andin, une espace menacée... Il ne manquera à notre liste que le puma...

Autant dire que nos arrêts pique-nique étaient magiques et les enfant y ont trouvé leur compte, entre Elsa qui aime se couvrir de terre à la recherche de pierres et Sacha le fan d'eau qui a testé l’imperméabilité de ses chaussures Salomon, on confirme même avec la chaussure entièrement dedans, les chaussettes restent sèches.

Quelques miradors marquants: La Laguna Azul

Paine Waterfall

Laguna Amarga

Laguna Larga Laguna Sarmiento

Nordenskjöld Lookout

Salto Grande, qui pourrait remplir 100.000 bouteilles de 1 litre en une seconde.

Salto Chico

Lago Grey (malheureusement la plage était inondée et nous n'avons pas été autorisés à rejoindre le mirador pour observer le glacier au bout du lac)

Mirador de los Cuernos, ballade de 7 km aller-retour

Quelques autres points de vue:

Nous croisons beaucoup de voyageurs, sacs au dos, beaucoup en vélo, qui forcent l'admiration, des camping-caristes que nous essayons d'identifier grâce à leurs noms de voyageurs apposé tel un logo mais ceux qui nous ont le plus fait rêver, ce sont ces deux voyageurs en tuk-tuk.

Nous fêtons ici notre anniversaire de rencontre, 17 ans déjà le temps passe vite... Pas de mamy pour du baby-sitting ici mais après cette journée aux paysages époustouflants, nous sommes heureux de partager un bon repas ensemble, d'entendre Sacha nous chanter "joyeux anniversaire de rencontre papa et maman", de voir Elsa espérer que les serveurs nous amènent un gâteau d'anniversaire et puis nous avons divinement bien mangé, on s'est fait plaisir en plus, la totale, entrée, plat, dessert dans un super joli restaurant, Afrigonia, né de la rencontre d'un chilien et d'une zambienne.